Si vous avez été enfant dans les années soixante /soixante dix / quatre-vingt, vous connaissez évidemment les cadeaux Bonux, la petite bricole que l'on trouvait au milieu du carton de lessive 5 kg. Quel plaisir de glisser sa main dans la lessive à la recherche du petit sachet contenant un trésor moulé en plastique. Merci Bonux ; on en avait pour notre argent !
Aujourd'hui, les enfants se réjouissent avec les cadeaux nichés au creux des ½ufs Kinder. Le papa un peu moins, qui doit emboiter la petite tige dans le petit clip pour faire tenir tant bien que mal les minuscules pièces de la figurine qui va immanquablement se retrouver bloquée deux jours plus tard dans le tuyau de l'aspirateur.
Et les cadeaux dans les stations service ? Au bout de 10 pleins d'essence, vous aviez droit à un magnifique ensemble de tasses à café zébrées fluo qui faisait l'admiration de vos invités.
Dans un autre genre, je me rappelle d'un catalogue de cadeaux à acheter par correspondance. On n'avait rien demandé à personne mais on le recevait de temps en temps dans notre boite à lettres. Ce n'était pas un catalogue de vrais cadeaux puisque qu'il fallait les acheter, mais quand même, il y en avait de très chouettes. Des objets introuvables en magasin mais qui allaient faire la fierté de votre maison : la fontaine lumineuse qui fait de la musique ; les buches électriques à mettre dans la cheminée, tellement chaleureux et tellement plus propre ; le paillasson qui fait coin-coin (voilà vos visiteurs hilares ! de la bonne humeur assurée pour toute la journée). On adorait !
Mais revenons aux vrais cadeaux que l'on gagne gratuitement... ou presque.
Je me rappelle de grandes vacances où toute la famille s'était lancée dans l'idée de cumuler les points essence pour gagner un super canot gonflable jaune et vert avec ses deux rames en plastique : 6 000 points à collectionner contre environ 30 pleins d'essence plus 20 francs à rajouter à la fin. Pour le matelas gonflable, il fallait seulement 2 000 points. Pour la bouée, 800 points. On aurait mieux fait de choisir la bouée. Non, c'était le bateau qu'on voulait.
Pour forcer Papa à ne passer que par cette station service BP, route de Nantes, à la sortie de Vannes, mon frère, ma s½ur et moi avons ramé pendant 6 mois ! En démarrant la récolte en mars, on s'est présenté devant le pompiste avec notre pochette de 6000 points à la mi-septembre, deux jours après la rentrée scolaire.
Pas de chance, il ne restait plus que le modèle en exposition. Tous les bateaux flambant neufs avaient déjà passé l'été sur l'eau, faisant la joie de familles mieux organisées que la notre.
On a pris le modèle en exposition. Il avait passé tout le printemps et tout l'été suspendu près des pompes à essence, tantôt sous le soleil, tantôt sous la lune, balloté par le vent, rincé par la pluie. Résultat : lors de notre première mise à l'eau, notre super canot gonflable aux couleurs un peu délavées a fait « touc » puis... «ppppssssssssiiiiiitttt».
Le modèle neuf en remplacement est arrivé fin octobre, au moment des chrysanthèmes. La British Petroleum avait signé l'arrêt de mort de nos rêves d'aventures aquatiques. L'hiver suivant, on s'est consolé avec les images de Tintin dans les tablettes de chocolat Poulain et les images d'Astérix dans les boites de La Vache qui rit. Voilà qui apprend à vivre avec les ambitions qu'on peut !